Vous avez peur de dire « non » et de dĂ©finir vos limites ? C’est une problĂ©matique frĂ©quente losque l’on est en burnout. Entre les peurs de rejet, le besoin de contrĂ´le, l’implication Ă©thique, la fatigue et le mĂ©tabolisme, il est parfois très difficile d’Ă©lever des barrièrses salvatrices. Je vous explique pourquoi dans cet Ă©pisode.
Texte de l’Ă©pisode
Je suis avec une amie en terrasse d’un café. Je viens de lui expliquer pourquoi notre sortie du weekend allait être annulé, à cause d’un dossier urgent que je dois finir pour le travail. Elle s’agace pendant que je regarde ailleurs : « Pourquoi tu ne dis pas « non » ? Tu n’as qu’à refuser ! Tu n’as qu’à dire que tu n’es pas d’accord. Dis « non ». Pose tes limites enfin ! »
Ces phrases, je les ai tellement entendues au cours de ma vie.
Savoir dire « non » et faire en sorte que ce mot soit entendu et respectĂ©, c’est l’une des grandes problĂ©matiques du burnout.  Â
La peur de dire « non »
Quand on est en état de stress chronique, il est terriblement difficile de dire « non » à ce qui nous pollue. Même avec la meilleure volonté du monde, cela n’arrive tout simplement pas.
Il peut être délicat de dire « non » à la visite d’un ami.
Cela peut être difficile de dire « non » à un service que l’on peut rendre.
Il peut être impossible de dire « non » à un dossier supplémentaire, même si on en a déjà par-dessus la tête.
On va dire « oui », même en pensant « non ». Parce que le « oui » semble alors plus facile à dire. Dans le meilleur des cas, on ne dira rien, ce qui est pris pour un consentement passif.
Dans mon cas, le conseil de mon amie « tu n’as qu’à refuser » était insuffisant pour que ça marche. Il m’a fallu me questionner sur ce qui me convenait, et ce qui ne me convenait pas car je n’en avais pas connaissance. Après de longs mois d’introspection, j’ai pu exprimer mes limites avec des mots. Mais ces limites n’ont pas été entendues car l’attitude, l’intonation n’étaient pas suffisamment marquées. J’ai donc dû travailler mon attitude. Ancrer ces limites au plus profond, pour les incarner.
Avec un peu de recul, et parce que c’est l’un de mes plus grands défis, je me suis penchée sur différentes pistes de compréhension. En voici 7 que je vous partage :
1. La peur du rejet
La peur d’être rejeté par une communauté, un groupe, ou tout simplement par l’autre existe sous de nombreuses déclinaisons. En fonction des cas s’exprime la peur de blesser l’autre ou celle de se blesser soi.
La peur de blesser l’autre
La peur de blesser l’autre se manifeste par des croyances telles que : « Si je lui dis non, il va croire que je ne l’aime pas » « Si je refuse mon aide, il va croire que je n’en ai rien a faire de lui, que je ne peux pas le soutenir dans sa difficulté »… C’est la peur de blesser qui s’exprime. En réalité, c’est souvent une peur que l’on éprouve pour soi et que l’on projette sur les autres. On ne veut pas laisser croire à l’autre qu’il n’est rien, car cela renvoie à une blessure d’abandon ou au syndrome du sauveur.
La peur de se blesser soi
La peur de se blesser soi peut mener à croire que l’on sera rejeté par la personne à qui on exprime notre refus. Vexée, cette personne partira alors se tourner vers quelqu’un d’autre pour trouver du soutien, et nous « rayera de la liste », ne nous sollicitera plus. La crainte de décevoir l’autre, et de générer quelque chose d’inachevé, de brisé ou de fragilisé… qui peut amener au rejet et à la séparation est alors insupportable. C’est la peur de se voir soi-même abandonné qui est alors à l’œuvre.
Pour la désamorcer, vous pouvez inverser la situation et vous demander : Si moi je venais avec cette demande et qu’on me refusait de l’aide. Qu’est-ce que je ferai ?
Naturellement, vous iriez vers d’autres pistes pour résoudre votre problème, sans en tenir rigueur à la personne qui n’a pas pu vous aider cette fois-ci. Cela ne génère pas pour autant un rejet froid et définitif.
La peur de ne pas être à la hauteur (ou peur de l’échec)
La peur de devoir dire « je ne peux pas », de ne pas « réussir » à honorer une demande vient avec la peur de l’échec.
Une fois de plus, un échec amène potentiellement du rejet, de la déception, une blessure pour soi parce que l’on n’a pas répondu aux attentes de ses parents, proches, collègues, amis… Il génère aussi des angoisses autour du fait de ne pas être considéré et reconnu comme quelqu’un de valeur. C’est une manière de perdre la face. En cela, elle est une peur délicate à gérer car elle peut être vécue de manière très violente.
Pour la désamorcer, vous pouvez inverser la situation et vous demander : Qu’est-ce qui se passe si moi, je vais demander de l’aide à quelqu’un qui est référent, et que cette personne répond que ça n’est pas possible, qu’elle n’est pas disponible ou qu’elle n’a pas la réponse ….
Qu’est-ce qui se passe en vous ?
Une fois de plus, il est très probable que vous alliez poser votre question à une autre personne. Est-ce que pour autant la relation avec votre référent est changée ? Il y a de fortes chances pour que non.
Sur une grande partie des petits services rendus au quotidien, le malaise généré par le fait de devoir dire « non » peut aisément être désamorcé en se mettant à la place de l’autre, et en considérant de ce fait que l’enjeux émotionnel imaginé n’est en réalité pas si fondamental.
2. Peur de perdre le contrĂ´le
Le besoin de contrôle amène aussi à une absence de « non ». La phrase typique qui permet de l’identifier est : « Si ça n’est pas moi qui fait, ce sera mal fait. Il faudra que je revienne dessus de toutes manières. ».
J’ai identifié cette manière de penser chez plusieurs cadres ou personnes ayant des postes à responsabilité. Par soucis d’anticipation des problématiques et de la charge de travail que cela pourrait représenter, il leur quasiment impossible de déléguer.
La crainte du manque de ressources, du manque d’énergie ou du manque de temps à venir qui génère une surcharge de travail et donc une pénurie de ressources dans l’instant présent.
Pour éviter d’avoir des problèmes, ces personnes préfèrent faire les choses elles-mêmes, afin de ne pas prendre le risque d’être impacté par la production de quelqu’un d’autre.
Cette peur de perdre le contrôle entraine une surcharge, qui ne fera qu’augmenter si elle n’est pas identifiée. Même lorsque l’on croit rester maître de la situation, le poids des responsabilités se fait de plus ne plus pressant, et la charge peut nous faire atteindre un point de fracture. Même lorsque l’on a une grande capacité d’absorption, on a une limite. Et cette limite est atteignable.
Pour la tempérer, revenez à votre essentiel. Soyez honnête sur la quantité de tâches que vous arrivez réellement à réaliser. Lorsque la charge de travail est trop importante, certains dossiers que l’on juge « importants » sont éternellement repoussés au lendemain et ne sont tout simplement pas traités. Ce simple fait remet en question leur importance. Ce sont précisément les dossiers que vous pouvez déléguer. A défaut d’être parfaitement faits, au moins seront-ils faits.
3. La peur de l’exclusion sociale (ou Fear of Missing Out)
La « Fear of missing out » représente la peur de manquer quelque chose d’important d’un point de vue social. Elle survient lorsque l’on a du mal à refuser de faire partie d’un projet, d’aller à un 5 à 7, aller à une soirée, à un concert… C’est une peur de manque d’intégration sociale.
Cette peur nous amène à privilégier du temps social plutôt que du temps pour soi qui permettraient de récupérer de l’énergie. Elle est basée sur le besoin fondamental d’appartenir à un groupe, à une communauté qui peut être une familiale, amicale, ou professionnelle.
Dans le milieu professionnel, ce phénomène d’appartenance est particulièrement cultivé et certaines entreprises se considèrent même comme une « famille ». D’une manière indirecte, des employés liés par un fort sentiment d’appartenance seront plus à même de se motiver, de partager des moments forts, et de fournir le meilleur d’eux-mêmes même en dehors des temps de travail. C’est ce que l’on appelle être « corporate ».
La FOMO, c’est la peur de rater des moments importants si l’on ne répond pas à la sollicitation sociale. Ne pas participer à une soirée entre amis, c’est rater des blagues, des annonces, des moments précieux qui créent de la complicité, de la proximité avec les autres. Si cet instant est manqué, on se retrouve en décalage et en dehors de cette vie communautaire.
Dire « non » à un événement social serait alors perçu comme le fait de s’exclure soi-même d’un groupe.
4. L’engagement moral et éthique
Alors que l’une des composantes principales du burnout est la perte du sens de ce que l’on fait, l’engagement sincère mais excessif sur un projet être un véritable piège. Lorsque l’on juge que ce que l’on accomplit est capital pour les autres, pour le monde, ou pour soi, il devient alors impensable de « s’économiser ». Et plus on y met du cœur, des moyens matériels (argent), du temps ; plus il est difficile de revenir sur son engagement. Car il est toujours possible de donner plus, mais il n’est pas concevable de donner moins.
C’est une problématique que j’ai pu rencontrer chez les entrepreneurs, les passionnés et les accompagnants.
Prenons ce dernier cas. L’engagement moral d’être disponible pour un proche, un compagnon, ou un parent malade peut s’avérer être une catastrophe. Pourquoi ? parce que pour l’accompagnant, il est impensable de laisser une personne aimée dans la difficulté ou dans la souffrance physique ou morale. C’est une valeur qui peut être très ancrée, très profonde. C’est une valeur louable, mais qui se fait au détriment de l’accompagnant.
Un exemple pour temporiser son engagement moral et ne plus avoir peur de dire « non »
Comment mieux temporiser son engagement moral ? Il peut être utile de laisser grandir l’idée qui est que l’on n’aide personne lorsque l’on est soi-même épuisé. Si accompagner une personne souffrante est d’une grande importance pour soi, il est possible d’utiliser cet engagement dans ce sens : prendre soin des autres, c’est aussi ne pas prendre le risque de les mettre en danger par nos actes. Si on n’a pas la capacité de réaliser la tâche à effectuer, il vaut mieux la laisser faire par quelqu’un d’autre, ou ne pas la faire du tout, plutôt de de causer des dommages.
Quelle soit le sujet sur lequel porte l’engagement, il est important de réaliser que l’on n’est pas seul à soutenir la totalité d’une équipe, ou d’une patientèle, ou d’un projet. D’autres personnes peuvent prendre le relais.
Temporiser son engagement offre la garantie d’apporter le meilleur de soi-même à la cause poursuivie.
5. Une quĂŞte pour plus d’informations sensorielles
Voici peut-être l’une des plus magnifiques dissonances cognitives dont nous pouvons faire preuve.
La manière dont notre corps vit impacte la manière dont notre esprit conçoit les choses. Lorsque nous traversons une situation difficile, cela ne se passe pas uniquement dans notre tête, mais bien aussi dans notre corps. Et celui-ci est régit par des réflexes archaïques instinctifs de réponse au stress.
Lorsque l’on est en stress, tous les filtres sensoriels sont abaissés afin de collecter un maximum d’informations sur la problématique rencontrée. Cela fait partie de notre mécanisme de protection. Un problème résolu n’est plus un problème. Le corps mobilise donc ses ressources pour trouver une solution. D’un point de vue métabolique, le corps baisse les barrières entre lui et son environnement.
Lorsque l’on essaie de dire « non » en période de stress, on met une barrière entre soi et l’environnement. On s’oppose donc à la collecte potentielle d’informations. C’est un conflit direct avec l’action du corps.
6. La pulsion du mouvement de fuite
Un autre phénomène instinctif entre aussi en jeux : la pulsion de mouvement. Face à un problème dangereux, un corps non bloqué réagira selon deux types de mouvements différents : de combat ou de fuite. Le fait d’accepter des dossiers, des sorties, des soirées … tout ce qui peut occuper l’esprit, représente une forme de mise en mouvement. C’est une manière de se préserver ce qui peut poser problème, une fuite ou un combat dans l’action.
7. L’épuisement
Enfin vient l’épuisement. Parce que oui, poser une barrière peut être épuisant. Prendre des risques de rejet dans un moment où l’on a besoin de soutient parce que l’épuisement est là , c’est difficile, voire impossible. Faire face à ses peurs dans un moment d’épuisement, ça n’est pas toujours envisageable. Lutter contre son propre mécanisme instinctif demande une très grande maîtrise de soi.
Lorsque l’on est épuisé, il est souvent plus facile de se laisser déborder. Parce que c’est une manière de fuir un conflit potentiel. C’est l’évitement d’une problématique immédiate. C’est l’assurance de ne pas être laissé seul.e face à une problématique douloureuse.
Si vous sentez que vous êtes épuisé : Prenez le temps le temps de vous demander : qu’est-ce qui me dérange ? Est-ce que j’aurai pu éviter certaines situations ? Qu’est-ce qui est une véritable urgence ?
Quelles sont mes priorités à moi. Pas celles que l’on m’impose, mais celles que je souhaite avoir.
Article écrit et enregistré par :
Retrouvez toutes mes propositions d’accompagnement en suivant ce lien.
Retrouvez d’autres Ă©pisodes :
- 🎙#12 – Comment vivre dans l’ABONDANCE ?
- 🎙️#11 – 3 REFLEXES ARCHAĂŹQUES qui nous pilotent pendant un stress chronique
- #10 – Utiliser les MEDIAS comme une RESSOURCE et non comme un polluant
- 🎙️#9 – Comment revenir Ă l’ESSENTIEL quand on se fait DÉBORDER ?
- 🎙️#8 – GĂ©rer la PERTE D’EMPATHIE avec la sophrologie
Laisser un commentaire