Bienvenue sur ce nouvel épisode, où j’ai envie de plonger avec vous dans un sujet qui me tient à cœur : l’hyperactivité. Si, comme moi, vous avez un besoin constant de mouvement, vous avez sûrement entendu des phrases du type : « Détends-toi », « Fais une pause », ou encore « Essaie la méditation ». Pour beaucoup, ces conseils semblent naturels, mais pour un hyperactif, s’arrêter peut être un défi insurmontable.

Je fais moi-même partie de cette catégorie de personnes toujours en action. Et aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous ce que j’ai découvert sur les raisons physiologiques, métaboliques, sociales et personnelles qui expliquent cette dynamique. Ce besoin incessant d’activité n’est pas qu’une question de volonté : il trouve sa source au cœur de notre biologie et de notre environnement. Que vous soyez hyperactif ou que vous souhaitiez mieux comprendre un proche qui l’est, j’espère que cet article vous apportera des éclairages utiles et bienveillants.

Accueil » #1.14 – Hyperactivité : pourquoi c’est impossible de s’arrêter ?

Texte de l’épisode

1. Hyperactivité et Cerveau : Quand la Biologie Se Met en Mouvement

1.1 Le Rôle des Systèmes Nerveux Sympathique et Parasympathique

Notre corps dispose de différents systèmes nerveux qui coordonnent nos actions et nos phases de repos. Parmi eux, deux sont particulièrement importants pour comprendre l’hyperactivité : le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique.

Le système nerveux sympathique agit comme notre levier de vitesse. Il est responsable de toutes les actions, de l’éveil, de la concentration, et de l’impulsion vers le mouvement. En journée, il est naturellement très actif, ce qui nous permet d’être en phase avec nos responsabilités, qu’il s’agisse de travail, d’objectifs personnels ou de projets. Ce système est essentiel pour faire avancer les choses et concrétiser des idées.

À l’opposé, le système nerveux parasympathique entre en jeu surtout la nuit, mais aussi dans les moments de calme et de détente. C’est lui qui prend la main pour déclencher le repos, la récupération, et même des processus importants comme la digestion et la mémoire. Il apaise notre organisme, active les mécanismes de détoxification nocturne, et prépare notre corps au sommeil.

Certaines personnes naissent avec un système nerveux sympathique plus développé que le parasympathique. Cette prédisposition génétique peut créer un besoin d’activité plus important, ainsi qu’une difficulté à trouver naturellement des périodes de repos. Ce déséquilibre peut sembler insurmontable, mais heureusement, il est possible de travailler dessus pour équilibrer ces systèmes et apaiser ce besoin incessant de mouvement.

1.2 Neuromédiateurs et Déséquilibre : La Dopamine et la Sérotonine

Les neuromédiateurs, des hormones de communication entre les neurones, influencent également notre équilibre entre action et détente. Deux d’entre eux jouent un rôle central dans l’hyperactivité : la dopamine et la sérotonine. Ces deux hormones peuvent déterminer notre capacité à passer de l’action au calme.

  • La dopamine est celle de l’action. Elle nous donne de l’énergie, de la motivation et favorise la concentration. Cette hormone est indispensable pour démarrer notre journée et nous permet de nous plonger dans nos tâches. Quand la dopamine est en manque, on ressent une sorte de brouillard, des difficultés à se lever, et un manque d’entrain pour accomplir même les tâches les plus simples. Elle stimule également la production de noradrénaline et d’adrénaline, les hormones du stress. Cela signifie que lorsque nous sommes stressés, nous consommons rapidement nos réserves de dopamine.
  • La sérotonine est plus présente en fin de journée et joue un rôle clé dans la détente et le bien-être. C’est elle qui régule l’humeur, favorise le sommeil en stimulant la production de mélatonine, et équilibre des aspects importants comme l’appétit et la température corporelle. Un manque de sérotonine peut se manifester par des envies de sucre en fin d’après-midi ou une sensation de froid permanent. Pour un hyperactif, maintenir un équilibre entre dopamine et sérotonine peut être complexe, surtout après des périodes de stress intense qui épuisent ces neuromédiateurs. Dans ce contexte, l’accès au calme devient encore plus difficile, car le corps ne reçoit pas le message de détente.

2. Hyperactivité et Modes de Vie : Savoir Répondre à Notre Corps en Mouvement

2.1 L’Impact du Stress sur les Besoins Physiques

Le stress peut transformer notre besoin de mouvement en une réponse physiologique à part entière. Personnellement, quand j’étais dans mes phases les plus actives, des conseils comme « repose-toi » ou « fais une sieste » me semblaient impossibles. Au lieu de cela, j’avais besoin de sortir, de bouger, d’aller faire du sport. Lorsque notre corps est tendu par le stress, le mouvement devient presque vital.

En effet, l’activité physique permet de réduire le cortisol, une hormone du stress, et stimule la production d’endorphines, les hormones du bien-être. Pour un hyperactif, ce besoin de bouger peut devenir une manière d’évacuer les tensions corporelles et mentales. Mais il est possible de moduler l’intensité pour éviter de s’épuiser : par exemple, choisir des activités qui favorisent une décélération progressive, comme la marche rapide puis la marche lente, ou des disciplines douces comme l’aïkido.

2.2 L’équilibre physique-émotionnel à travers le mouvement

Si vous vous sentez hyperactif, optez pour un ralentissement graduel au lieu de tenter de tout stopper. Si la course ou le trek vous attirent, essayez d’abord des balades plus tranquilles. Ou choisissez des activités plus apaisantes mais toujours en mouvement, comme des arts martiaux non conflictuels qui impliquent un contrôle conscient du corps. Pour un hyperactif, même une marche contemplative peut être une alternative précieuse pour conserver ce lien avec le mouvement tout en apaisant progressivement le corps et l’esprit.


3. Hyperactivité et Environnement : L’Influence de Notre Société et de Nos Modèles de Vie

3.1 L’Impact de l’Éducation et des Modèles Parentaux

Nos habitudes et notre rapport à l’action ne sont pas seulement le fruit de notre biologie. Ils se construisent aussi à partir des modèles que nous observons durant l’enfance. Ayant grandi avec des parents très actifs – un père constamment au travail et une mère qui jonglait entre sa carrière et ses responsabilités familiales – j’ai grandi avec cette idée que l’on doit toujours être en action pour être utile ou valorisé.

Pour beaucoup de personnes hyperactives, cette manière de percevoir l’action prend racine dans l’enfance, au travers des modèles parentaux. Si nos parents ne se reposaient jamais, nous avons tendance à penser que l’action est la norme et que le repos est presque un échec personnel. Cependant, comprendre cette influence peut nous aider à reprogrammer nos propres attentes et à se donner la permission de ralentir.

3.2 Les Normes Sociales : Une Société en Mouvement

Notre société valorise grandement l’action, la performance et le succès visible. En France, la première question que l’on pose souvent en société est : « Que fais-tu dans la vie ? » – une question qui se réfère directement au mouvement, à l’activité. Le syndrome de la FOMO (Fear of Missing Out), ou la peur de manquer une expérience importante, est une conséquence directe de cette pression.

Nous vivons constamment dans cette appréhension de rater une occasion sociale ou professionnelle, ce qui nous pousse à rester dans l’action. Or, cette dynamique est épuisante, d’autant plus qu’elle alimente le stress et épuise les réserves de dopamine, créant un cercle vicieux d’hyperactivité.

3.3 Le Travail et l’Entreprise : Une Culture de l’Activité Sans Limite

Dans le monde professionnel, cette valorisation de l’action sans fin est encore plus forte. Certaines cultures d’entreprise privilégient les employés qui cumulent de longues heures, donnant l’impression que le volume d’heures prouve l’engagement. Par le passé, j’ai été confrontée à des situations où il était mal vu d’arriver plus tard que l’équipe, même si cela impliquait de rester tard le soir. Cette pression à travailler sans relâche peut encourager un état d’hyperactivité chronique, et l’impact sur notre santé mentale est réel.

Pour les hyperactifs, apprendre à fixer des limites claires est essentiel. Cela permet de ralentir un rythme effréné imposé par des normes qui ne nous conviennent pas forcément. Prendre conscience de la différence entre la culture d’entreprise et nos propres valeurs personnelles est un premier pas vers un équilibre plus sain.


4. Hyperactivité et Soi-même : Le Mouvement Comme Stratégie Personnelle

4.1 La Fuite par l’Action : L’Hyperactivité comme Réponse aux Traumatismes

Pour beaucoup de personnes, l’hyperactivité peut aussi être une réponse à des traumatismes passés. Pour moi, le mouvement m’a permis de fuir certaines expériences douloureuses et de me concentrer sur quelque chose d’autre. Ce besoin de toujours être occupé peut devenir une sorte de sécurité émotionnelle. Lorsque nous vivons un événement traumatisant, que ce soit une séparation ou une perte, l’action nous protège en nous permettant de ne pas trop penser ou ressentir.

Cet aspect est souvent inconscient, mais en prenant le temps de s’écouter, il est possible d’identifier si l’on utilise l’action comme moyen d’éviter certaines émotions. Ce mécanisme est naturel, mais il est essentiel de ne pas s’y perdre : accepter de prendre des pauses peut être libérateur et aider à intégrer les expériences vécues.

4.2 Les Valeurs Personnelles : Reprendre le Contrôle sur Nos Actions

L’un des plus grands défis pour les hyperactifs est de s’aligner avec leurs valeurs profondes. Le mouvement constant n’est pas forcément synonyme de productivité ou de satisfaction. Revenir à ses valeurs permet de choisir ce qui mérite vraiment notre énergie. Pour cela, il peut être utile de faire un exercice pratique : prenez quelques minutes pour noter vos valeurs et questionnez-vous sur vos choix d’action. Ce simple exercice peut être puissant pour comprendre pourquoi nous agissons et comment aligner notre hyperactivité sur ce qui nous correspond vraiment.

Cette réflexion sur nos valeurs nous permet de reprendre le contrôle de notre vitesse de vie et de choisir, consciemment, de ralentir ou d’accélérer selon ce qui est essentiel pour nous.


Conclusion : Apprendre à Décélérer pour Retrouver un Équilibre

L’hyperactivité est le résultat de multiples facteurs : génétiques, psychologiques, sociaux et culturels. Comprendre cette dynamique nous permet d’en reprendre le contrôle et de vivre plus en harmonie avec nous-mêmes. Que vous soyez hyperactif ou que vous côtoyez une personne qui l’est, j’espère que cet article vous aura permis d’approfondir votre compréhension.

Il est possible de trouver un équilibre entre action et repos, même pour les hyperactifs. Décélérer ne signifie pas renoncer, mais plutôt s’accorder des moments de recul pour recharger ses batteries et pouvoir profiter de la vie dans toute sa richesse. Si cet article vous a parlé, je vous invite à le partager ou à m’écrire pour échanger sur ce sujet. Ensemble, trouvons les outils qui nous aideront à avancer tout en douceur.

Je nous aime 🤍

Ambre V.

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